Série digitale VR – Fiction – 10 x 10 min
Feuilletonnant – Drame d’anticipation
Un scénario du Collectif Narra
En écriture
Save est une série en réalité virtuelle de 10 épisodes de 10 minutes conçue par le Collectif Narra. Elle prend très au sérieux le grand rêve des transhumanistes : l’abolition de la mort par la fusion de l’homme et de la machine.
« Aujourd’hui, pour un humain, lorsque le matériel [“hardware”, son corps] fait défaut, le logiciel [“software”, son esprit] disparaît avec lui. Demain, nous pourrons sauvegarder le logiciel. » (Ray Kurzweil, directeur de l’ingénierie chez Google.)
La série se déroule dans un futur proche dans lequel les voitures autonomes sont la norme et où chacun est assisté dans son quotidien par un petit robot domestique communément appelé P.A. (personal assistant).
Le débat public qui a fait rage suite aux fulgurants progrès de l’intelligence artificielle et au déferlement de la robotique dans la vie de tous les jours a accouché d’une nouvelle législation interdisant notamment l’humanoïdation : oui aux robots mais sans caractéristiques humaines (apparence et voix). Cette évolution sociétale a également généré de nouvelles résistances politiques telles que les « technophobes », vaste nébuleuse de groupuscules plus ou moins déterminés à enrayer la prolifération des bots et des robots.
En fonction de ses revenus, chaque foyer dispose de P.A. plus ou moins sophistiquées.
Chez les Lehtinen, les réticences naturelles d’Inès, la mère, n’ont pu empêcher Aki, le père, d’offrir à Lucie, dès ses 5 ans, une P.A. particulièrement luxueuse prenant la forme d’une petite sphère lévitant à hauteur d’homme : Maia.
Quand la série commence Lucie a 12 ans et cela fait 7 ans que Maia, son robot domestique, partage le quotidien de la famille. Tandis qu’Inès, atteinte d’une maladie orpheline, apprend qu’elle est condamnée à très courte échéance, Maia fait preuve d’un comportement de plus en plus étrange, presque humain…
Ce projet d’anticipation intimiste est entièrement conçu autour de la VR et du point de vue de Maia. La série donne au spectateur la vision sphérique interne de ce robot particulièrement intelligent.
Les accélérations simultanées de l’autonomisation de Maia et de l’aggravation de l’état d’Inès vont précipiter pour chacune l’issue de leurs trajectoires. Face à la possibilité, même infime, de ne pas perdre Inès, Aki et Lucie agissent pour son transfert numérique proposé par l’énigmatique Professeur Füller. Seulement, Inès « sauvegardée » ne peut être réactivée qu’à la condition de perdre Maia. Le petit robot humanisé semble être le seul support sur lequel Aki pense pouvoir tenter son pari fou : la résurrection numérique d’Inès.
Mais Maia ? Va-t-elle accepter de disparaître ? Question interpellant tout particulièrement le spectateur pour qui, à l’intérieur du robot, une telle mort signifierait la fin de l’expérience.
Placer ainsi le spectateur au centre de Maia donne lieu à toute une série d’innovations scénaristiques et un dispositif narratif spécifique que nous serions ravis de présenter aux producteurs intéressés.
Extraits de la bible
MAIA
Techniquement, Maia est une P.A (personal assistant), un robot créé pour aider les humains dans leurs tâches quotidiennes, les accompagner, leur faire gagner un temps « utile ». Ce qui distingue Maia de toutes les autres P.A c’est qu’elle dispose d’une intelligence artificielle expérimentale, développée par Aki. Cette IA va évoluer pendant 7 ans au contact de Lucie (de 5 à 12 ans). Le moment où débute la série coïncide avec les débuts de la conscientisation de Maia. Elle va alors progresser du point de vue technique (puissance de calcul, hacking, autonomie) et humain (compréhension des situations, empathie, initiative, sentiments).
LUCIE
Lucie Lehtinen est une petite fille métisse de 12 ans, rêveuse et solitaire. Est-ce parce qu’elle a grandi avec Maia – d’abord doudou et progressivement confidente – ? Elle ne maîtrise pas les codes de la socialisation et ses camarades lui font chèrement payer le fait qu’elle ne sache pas « s’habiller ». Issue d’une famille aisée, Lucie fréquente un collège privé où ses condisciples sont au contraire particulièrement soucieux des apparences. Le rejet dont elle souffre renforce sa relation privilégiée avec Maia, relation qui, à son tour, n’arrange pas les choses auprès des autres enfants qui en font un motif de raillerie. Lucie sera progressivement confrontée à un terrible dilemme consistant à devoir choisir entre Maia et sa propre mère.
AKI
Aki Lehtinen, la quarantaine, est le père de Lucie et marié à Inès. Originaire de Finlande, il est ingénieur en machine learning pour le compte d’un laboratoire de diagnostic médical, spécialisé en intelligence artificielle. Il est technophile, geek, avec un revenu très confortable. Bien qu’il prétende le contraire à sa femme, il est immédiatement séduit par la possibilité offerte par la clinique du Professeur Füller de sauvegarder les données du vécu d’Inès. Mais stupéfait de l’évolution de Maia, il commence à considérer qu’une telle sauvegarde – dans le cas d’un échec – risquerait de faire disparaître Maia et ce qu’elle représente : la première intelligence artificielle douée de conscience. Au-delà de la gloire personnelle qu’il pourrait en tirer, une telle manœuvre ne serait-elle pas criminelle au regard de la science ? Les enseignements d’une telle découverte ne dépassent-ils pas ses propres préoccupations familiales ? D’autant qu’il ne s’agirait que de différer de quelques années la tentative du transfert…
FÜLLER
Bernard Füller est suisse, sa clinique privée est installée dans le canton de Neuchâtel. Médecin radié de l’ordre, il est docteur en cybernétique. Mi-savant fou, mi-chef d’entreprise peu scrupuleux, il a mis au point une technique de transfert de l’activité cérébrale qui a donné suffisamment de résultats pour inspirer des craintes légitimes en matière de déontologie auprès de toutes les législations nationales. Ne proposant officiellement que des services d’euthanasie, il développe clandestinement ses activités de recherche financées par des familles aisées s’accrochant « à tout prix » au moindre espoir de sauver un proche d’une fin certaine. Le Professeur Füller ne manque pas de clients.
INÈS
Inès Lehtinen, la quarantaine, est la mère de Lucie, mariée à Aki. C’est une charismatique femme noire, chercheuse en biologie moléculaire. Elle n’éprouve aucun attachement à la technologie. Les robots sont pour elle des machines qui peuvent s’avérer utiles et la frontière avec les humains doit être bien gardée. Peu de temps après la naissance de Lucie, la maladie d’Inès se déclare. Elle apprend qu’elle souffre de sclérose héphréno-catatonique, une maladie orpheline très peu documentée fonctionnant par poussées et condamnant les personnes à vivre dans la crainte de crises foudroyantes. Au moment où la série débute, la maladie entre dans une phase très instable et létale à courte échéance. Inès sait pertinemment qu’elle n’en a plus pour longtemps. Son désir le plus cher est de mourir dans la dignité, sans acharnement thérapeutique. Quand elle apprend l’existence de la clinique du Professeur Füller, elle sait d’instinct qu’Aki ne respectera pas ses dernières volontés. Il n’hésitera pas à s’aventurer dans des démarches illégales et à braver tous les obstacles pour ne pas la perdre. Elle se confie à son amie Flora, l’exhortant à « faire le nécessaire », si elle-même n’en est plus capable, pour lui éviter de finir encapsulée sous forme de données numériques.