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Thibault Duperier

La Girafe et l’Escargot

Court-métrage – Fiction – 20′ – Drame psychologique (sélection en finale du concours de Lille, et au Kiosque d’Aubagne)

Un scénario de Thibault Duperier

Pitch

La Girafe et l’Escargot, ça ne parle ni de girafe, ni d’escargot. Il s’agit du langage du personnage principal, Benjamin. Il met des mots à la place des autres, formant un langage déstructuré, incompréhensible, parfois poétique. Benjamin est un jeune homme de 20 ans, schizophrène, avec un fort retard intellectuel. Il a perdu ses parents jeune, et a été éduqué par sa grand-mère qui le battait régulièrement.

Le film raconte le combat de Benjamin lorsque, accusé du meurtre de sa grand-mère, il se retrouve en UMD, une Unité pour Malades Difficiles, en Hôpital Psychiatrique. Lui, traumatisé par les événements, ne se rappelle pas de ce qu’il s’est réellement passé. Aidé du personnel de l’UMD, Benjamin va devoir faire à la fois : un travail de mémoire sur ce drame, un travail d’acceptation de soi, et un travail de langage : pour arriver à s’exprimer correctement, se défendre et transmettre sa vision des événements.


Extrait des intentions

Je pars volontairement d’une base très sombre, de violence et d’enfermement avec pour but de mener le spectateur dans un chemin de compréhension, d’ouverture vers ce personnage et son langage. Une compréhension que je souhaite également de ce le lieu psychiatrique, encore source de nombreux clichés et fantasmes.

La folie en tant que maladie profonde a été de très nombreuses fois traitée au cinéma, quoique souvent au passé ou en imaginaire, et reste malgré ça peu comprise et intégrée dans notre réalité. J’ai envie, par ce film, d’insister sur ce fait : la folie fait partie de notre monde sous de multiples formes. Et de certaines formes apparaissent parfois des beautés et des forces insoupçonnées.


Pitch vidéo – 1’30

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Thibault Duperier

Le Masque

Court-métrage – Animation – 11′ – Comédie dramatique

Un scénario de Thibault Duperier

En recherche de réalisateur.rice et production

Pitch

Doriane a 75 ans, la posture aussi droite que possible, le regard fier. Une forme grisâtre la suit partout. C’est Simon. Un fantôme qu’elle est seule à voir, avec qui elle communique affectueusement, complices.

Lors d’une déambulation citadine, une vitrine attire l’attention de Doriane. Y sont exposés des masques étranges, accompagnés de casques audio. Doriane montre au fantôme Simon, en souriant, une affiche représentant un vieux village normand. Ils entrent dans le magasin.

Doriane s’approche d’un jeune vendeur passionné et demande à essayer. Elle tente alors de faire revivre les fantômes de son passé par l’expérience de la réalité virtuelle. Mais elle tombe très vite dans une impasse.

Le jeune vendeur réussira-t-il alors à la faire revenir partager ce présent grâce au virtuel ?


Extrait des intentions

Avec Le Masque, je souhaite traiter de la frontière de plus en plus floue entre la réalité et le virtuel. Je veux questionner l’importance de l’expérience réelle face à l’expérience virtuelle. Cette dernière, d’année en année, gagne en puissance émotionnelle grâce à des dispositifs à l’immersion et au réalisme grandissants. La barrière entre le vrai et le faux s’amenuise, à tel point que le faux semble aujourd’hui proposer des expériences plus fortes et vraies que nature.

Faux vrai, vrai faux… avant de nous y perdre, j’ai voulu en parler. J’ai choisi de le faire à travers un dispositif inversé et un personnage touchant, au centre de ces ambivalences.

Pour jouer sur cet aspect « plus vrai que la réalité », j’ai choisi de traiter la séquence dans le monde de la VR en prise de vue réelle. En opposition à une animation pleine de douceur et de poésie de la majorité du film, la prise de vue réelle insufflera le caractère « augmenté » souhaité. Je souhaite ainsi jouer de ce paradoxe. Et pourquoi pas, si dans Le Masque, l’invisible apparaissait dans la réalité de l’animation, tandis que le virtuel s’amusait à copier la matérialité du réel… et vice et versa ? Comme dans cette précédente phrase, nous pourrions nous égarer si nous n’étions pas heureusement guidés par Doriane.

Doriane poursuit une vie où son corps est au présent, mais son esprit au passé. La VR est pour elle d’abord un moyen de chercher à retrouver ce passé. Mais très vite l’échec est inévitable. La question est alors de savoir si ce virtuel, grâce à l’argumentation et la passion du jeune vendeur, sera capable de redonner à Doriane le goût du présent. Elle qui a comblé sa vraie solitude par des fantômes passés, est-elle prête à partager une fausse réalité avec des vies actuelles ? Tout s’entremêle à nouveau… Et je me demande. Au fond, réel, virtuel. Qu’importe, non ? Tant que l’émotion et le partage restent.

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Thibault Duperier

La Source

Court-métrage – Fiction – 20′ – Drame d’anticipation, Survie

Un scénario de Thibault Duperier

En recherche de réalisateur.rice et production

Pitch

Dans un monde où l’accès à l’eau douce est devenu source de conflit, chacun doit se battre pour sa survie.

Sophie, 30 ans, a perdu son fils dans un affrontement. En pleine canicule, esseulée, elle arrive à un petit refuge de montagne. Son seul accès à l’eau : un réservoir alimenté par un minuscule torrent.

Lorsque de nouveaux arrivants convoitent la même eau, elle doit remonter à la source pour la défendre, et choisir entre partager et tuer.


Extrait des intentions

Tout projet d’anticipation part d’une hypothèse. La mienne est celle-ci : la terre n’ayant plus suffisamment d’eau douce pour tous les besoins humains, des forces économiques et militaires s’approprient cette ressource providentielle, au détriment de nombreuses populations.

Mon idée est de travailler cette hypothèse de manière sobre, humaine, et presque actuelle. Par une situation simple, traiter des propos et des enjeux globaux. Le fait de rester dans un univers très contemporain, dans un futur très proche, est aussi pour moi une façon de dire : c’est une problématique actuelle. Certes nous ne la vivons pas encore pleinement, mais cela peut arriver très vite, sans qu’on ait le temps de s’y adapter. Cela arrive déjà, bien que différemment, dans d’autres régions du globe.

Et au centre de cet enjeu, il y a le danger de la surpopulation. Il est difficile, dans notre monde, de questionner le don de vie, la procréation. Tout autant difficile que de parler de la mort volontaire et du renoncement à la vie. Mais la Terre ne me semble pas faite pour accueillir autant d’humains, jeunes ou vieux. Il me tient à cœur d’en parler, via des personnages hantés, en conflit sur la question. Je souhaite mettre en avant notre première responsabilité en tant qu’être humain, celle de la procréation.

La Source, c’est ainsi l’idée que la surpopulation est la source des problèmes, tandis que la pénurie d’eau en est la conséquence conflictuelle. Quant à la soif, elle est l’enjeu suprême.

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Thibault Duperier

Foyer

Court-métrage – Fiction – 9′ – Drame fantastique-SF – Huis-clos

Un scénario de Thibault Duperier

En recherche de réalisateur.rice et production

Pitch

Aurélia, 30 ans, enceinte de huit mois, attend son deuxième enfant au milieu d’une vie de famille en apparence tranquille, dans une petite maison de banlieue. Mais face à Cyril, son mari, Aurélia doute : est-ce que ça se passera aussi bien pour ce deuxième que pour leur premier enfant, Mathéo ? Est-ce qu’elle l’aimera autant ?

Lorsque le bébé se met à taper très fort dans son ventre, Aurélia prend peur. Elle sort un appareil étrange d’une petite boite noire. Elle pose deux électrodes de part et d’autre de son gros ventre, reliées à un semblant de smartphone. Elle se met à communiquer avec son bébé.

Aurélia doit décrypter le langage énigmatique du bébé pour comprendre son message et essayer de remédier à sa grande peur à elle : que le bébé ressente son manque d’amour pour lui.


Extrait des intentions

Mon envie, comme souvent, est née d’un questionnement. Que peut-il bien vivre, ce fœtus, enfermé dans ce ventre, au milieu de tout ce liquide étrange ? Il ne connaît rien du monde, et pourtant, dans les dernières semaines de sa conception, il en ressent pas mal de choses. Des petits éléments qui n’ont certainement aucun sens pour lui, mais qui rythment son monde et commencent à construire ses émotions.

De là est partie le « Et si » de ce film : Et si l’on pouvait communiquer avec le bébé, in utero, que pourrait-il nous dire ? En quels mots cela pourrait-il se traduire ? Et surtout, que pourrait-il nous apprendre, cet intime étranger ? De quoi pourrait-il nous faire prendre conscience ?

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Thibault Duperier

Monsieur Propre

Court métrage   –   fiction   –   20′   –   comédie sociale sur une révolution de sans-abris

Un scénario de Thibault Duperier

En recherche de réalisateur.rice et production

Pitch

Yannick, dit « Ya », 36 ans, est un sans-abri au bord du renoncement. Mais son esprit bouillonne encore d’indignation et de combat politique.

Lorsqu’un soir on lui vole son sac avec ses dernières affaires, au lieu de craquer, Ya achète éponge, produit vaisselle, et va sonner aux portes. Il se présente comme Monsieur Propre et lance : « Votre vaisselle contre une nuit au chaud ». Il se prend de nombreuses portes au nez, mais avec obstination cela fonctionne. Et au petit matin, alors que tout le monde dort encore chez ses hôtes, il vole quelques affaires qu’il distribue aux sans-abris du coin. Non sans laisser un mot de 2 pages, d’excuses de la part du gouvernement et de remerciements pour le sacrifice patriotique de ses hôtes.

Suite à son succès, Ya recrute Mich et Cécile, deux amis sans-abris pour faire comme lui et lancer le mouvement. La révolution est en marche face à une société qui accepte mal les provocations.


Extrait des intentions

Dans sa vie modeste, monsieur D va de chez lui au métro, du métro à chez lui. Et dans ces modestes trajets, monsieur D croise souvent plus modeste que lui. Il y en a un qu’il reconnaît bien. Un sans-abri, souvent debout, à déambuler, à tourner en rond, à quémander. Monsieur D l’entend régulièrement parler dans son coin : tout seul ou au téléphone ? Le doute demeure pour monsieur D, et au fond peu lui importe. Ce qui intéresse monsieur D ce sont les propos du sans-abri : de grandes phrases, des réactions vives, des diatribes, des monologues politiques. L’énergie, l’esprit et le regard franc du sans-abri fascine monsieur D. Il a décidé d’en écrire un film.

Je n’ai jamais eu envie d’un drame social sur ce sujet. J’ai tout de suite eu envie d’une comédie sociale. Le drame est là, en toile de fond, car je parle de sans-abris, c’est inévitable, et c’est nécessaire. Mais je voulais aller plus loin que les constats alarmants maintes fois répétés, ajouter ce grain de dynamisme et de folie qui pousse à l’action. Je souhaite naviguer à la limite du feel good movie, mais je ne veux pas vraiment en franchir la frontière. Car pour moi il y a trop peu de happy end dans la vie de ces personnes, et ce serait de mon point de vue trop candide, déplacé, que de finir le récit en victoire heureuse.

[…]

Partant de cette volonté, j’ai construit le récit autour du personnage qui passe des propos (les diatribes du sans-abri de monsieur D) aux actes. Une goutte d’eau -le vol du sac- fait déborder le vase d’exaspération et le pousse à l’action, à lancer un coup de pieds dans la société fourmilière. Yannick – dit Ya, son diminutif -, s’il a renoncé dans le cœur -comme tant d’autres-, n’a pas renoncé dans la tête. Il pense, il peste, il réfléchit à ce qui pourrait faire dérailler la machine indifférence de l’intérieur, à ce qui pourrait redonner quelque espoir à certains d’entre eux, les sans-abris. Ses premiers actes sont tranchés, maladroits, vengeurs, illégaux, provocants, mais ce sont des actes.

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Thibault Duperier

Tête Chercheuse

Long-métrage – Fiction – Comédie Dramatique

Un scénario de Thibault Duperier

Pitch

Jeanne est une neurobiologiste perfectionniste mais malchanceuse. Chercheuse au CNRS, elle ne trouve rien depuis six ans. En tout cas, rien qui ne lui ait permis une libératrice publication. Son équipe est à bout. Achille, son glacial et macho directeur de labo, l’a déjà menacée plusieurs fois de saisir une commission administrative sur son comportement, si elle n’arrête pas de s’obstiner dans des impasses et gaspiller les ressources du laboratoire.

À 48 ans, célibataire, Jeanne se sent profondément seule. Elle espionne Yann, son ex, dans la rue. Soudain renversée par un chauffard débile, Jeanne a une révélation : elle veut consacrer sa vie à l’accroissement des capacités cérébrales, et éradiquer ainsi la connerie. À moitié paralysée par ses blessures, en fauteuil roulant, elle reprend le travail tant bien que mal et trouve une piste à approfondir, en passant par les cellules gliales. Sauf qu’au vu de sa situation physique, de son récent passé houleux, et qu’il ne s’agit pas de ses spécialités de compétences, Achille ne valide pas sa recherche.

Qu’à cela n’tienne ! Jeanne repart de zéro et se lance dans la bataille. Financements, laboratoire d’accueil, collègues qui croient en elle et son sujet : le chercheur passe le plus clair de son temps à chercher d’autres choses que sa recherche.

Mais Jeanne se rend compte que Yann, qui travaille dans le laboratoire privé voisin, travaille déjà sur le même sujet. Une compétition pleine d’amour frustré démarre. Jeanne est prête à tout pour servir la science… et l’intelligence !


Extrait des intentions

Par cette comédie dramatique, je souhaite traiter de l’univers de la recherche, encore assez peu connu du grand public. Le cerveau, à fortiori, est un sujet fascinant et mystérieux pour le plus grand nombre. Je veux questionner cette recherche dans tous ses apports, ses risques, ses dilemmes. Nous voyons régulièrement les problématiques éthiques que rencontrent ce milieu, que ce soit pour le robotique, la manipulation du vivant, etc. Si la recherche est fondamentale dans un objectif de société meilleure, plus juste et plus saine, jusqu’où aller et quelles barrières se poser ? Entre recherche publique et recherche privée, peut-on tout maîtriser ?

J’ai envie de mener le spectateur à l’intérieur de ce monde, grâce à Jeanne, ce personnage seul, attachant malgré ses importants défauts. Derrière sa volonté énorme et sa profonde frustration professionnelle et amoureuse, Jeanne garde une grande humanité en souffrance de ses nombreux remords. Elle guide le spectateur dans son travail, que je veux traiter de façon réaliste malgré les notes d’humour. J’ai engagé un dialogue et une documentation poussée avec différents neuro-scientifiques afin d’apporter une densité au récit, et une vérité aux questionnements traités.

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Thibault Duperier

Polaris

Série TV – Fiction – 6*52 – Feuilletonnant – Polar, huis-clos

Piégées en haute montagne, deux sœurs ennemies forcées de s’associer pour arrêter un tueur en série

Créée par Thibault Duperier

CONCEPT

Au Pic du Midi, une violente tempête de neige se déclenche. De nombreuses personnes – touristes, astrophysiciens, divers employés du Pic -, sont piégées dans les bâtiments touristiques et scientifiques.

Élise et Sarah Ducat sont sœurs mais devenues ennemies, elles se sont volontairement perdues de vue depuis 16 ans. Sarah est venue ici pour retrouver Élise et enterrer la hache de guerre.

Deux salles pleines de traces de sang sont découvertes, et une phrase menaçante : « Ils seront jugés chacun selon leurs œuvres« .

Polaris est un polar aux accents de thriller, un huis-clos tendu et glaçant, dans une ambiance météo de fin du monde. La série de 6*52 minutes est feuilletonnante. Elle met en scène deux sœurs que tout oppose. Élise Ducat est astrophysicienne. Sarah Ducat est ancienne capitaine de police, convertie en religieuse. Elles sont sœurs mais elles ne se connaissent plus. Lorsqu’elles se retrouvent, elles sont forcées de collaborer pour résoudre une enquête et sauver toutes les personnes piégées, à la merci d’un tueur en série.


La série investit un lieu de sciences où la religion tente de dicter sa loi. L’enquête, aux accents de thriller, est menée tant bien que mal par Sarah et Élise, deux sœurs, personnages forts aux caractères opposés. Sarah a trouvé sa voie là où elle ne l’attendait pas. Élise se cherche encore. Sarah accepte calmement le destin et prône le pardon. Élise pousse à la lutte et la justice. Sarah est une religieuse. Élise une scientifique.

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Martin Fournier

Le Casse-pieds chinois

 

Un scénario de Martin Fournier avec la participation de Colin Voisin

Long-métrage – Fiction – Comédie

retour aux projets de Martin Fournier

 

SYNOPSIS

Lorsque son entreprise décide de délocaliser sa production de Russie en Chine, Patrick, jeune cadre dynamique obnubilé par la réussite professionnelle, fait croire à son patron qu’il maîtrise parfaitement le chinois alors qu’il n’en parle pas un mot. Pour maintenir l’illusion, il est contraint de faire équipe avec Chang, un jeune Chinois fantasque et imprévisible qui ne fait que lui compliquer la tâche.
La situation échappe rapidement à tout contrôle lorsque les partenaires chinois viennent à Paris pour finaliser un contrat décisif et que Yun, la fille du grand patron, se fait enlever par une triade. Patrick et Chang partent alors à la recherche de la jeune femme dans une enquête mouvementée au cœur de la communauté chinoise. Pour mener leur mission à bien il leur faudra infiltrer des réseaux clandestins chinois mais ils devront avant tout composer avec leurs personnalités diamétralement opposées et apprendre à faire de leurs différences un atout pour sortir de situations de plus en plus périlleuses et rocambolesques.


EXTRAIT


NOTE D’INTENTION

 

Le casse-pieds chinois est né du croisement entre une histoire vraie et un espoir.
L’histoire vraie est celle d’un ami parvenu à se faire employer par la filiale hongkongaise d’une marque prestigieuse de montres suisses en prétendant parler couramment le mandarin, alors qu’il n’en connaissait que quelques mots. Mettant en œuvre les dispositifs les plus improbables, il est parvenu à maintenir l’illusion le temps d’acquérir les compétences linguistiques minimales nécessaires à son poste sans se faire démasquer.
L’espoir est celui de voir un jour voler en éclat l’image caricaturale plaquée sur les Chinois dans les sociétés occidentales et en particulier en France. Une image de fadeur, d’absence d’humour et d’originalité, de vie centrée sur le travail… J’ai eu la chance de résider pendant dix ans en Chine et à Hong Kong et je côtoie la communauté asiatique depuis plus de vingt ans. Il va sans dire que j’y trouve la même richesse de caractères et de personnalités que dans toutes les autres. Oui, les Chinois ont de l’humour ! Oui, il y a des Chinois originaux, fins, insouciants et amusants ! Oui, Chang existe ! Mais pour le rencontrer, encore faut-il se libérer de la couche de préjugés qui entoure sa communauté

C’est au croisement de cette histoire vraie et de cet espoir que sont nés les deux personnages principaux du Casse-pieds chinois. Patrick est un jeune cadre ambitieux obnubilé par la réussite professionnelle qui fait le pari insensé de prétendre maîtriser le chinois pour conserver son emploi. A ses côtés, Chang, immigré chinois clandestin, tord le cou aux clichés : fantasque, drôle, insouciant, il est même un peu fainéant… Le film se développe sur le croisement de ces deux trajectoires si éloignées, exploitant la richesse de leur rencontre et de leur découverte réciproque.

A travers un Buddy movie traité sous l’angle de la franche comédie, Le casse-pieds chinois propose ainsi une réflexion sur l’apparence. L’apparence de sérieux d’un Patrick qui ment à son patron. L’apparence de ces Chinois qui « se ressemblent tous », mise à mal par la singularité du personnage de Chang. Ce thème transversal du décalage entre l’apparence et la nature véritable est renforcé tout au long du film par la multiplication des ironies dramatiques, chaque personnage ayant quelque chose à cacher, une vérité non dite tapie derrière l’image qu’il propose aux autres.

Les clichés et les caricatures pèsent particulièrement sur les jeunes Chinois de France aujourd’hui, alors que se multiplient les actes racistes contre les asiatiques. Les manifestations organisées après la mort d’un couturier chinois agressé à Aubervillier en août dernier[1] ont contribué à libérer la parole sur ce malaise profond. Malheureusement, les préjugés caricaturaux se nourrissent de l’image proposée par le cinéma sur cette communauté et les jeunes Chinois n’ont que peu de figures emblématiques sur lesquelles se projeter pour briser les clichés. A quelques rarissimes exceptions près, les personnages asiatiques du cinéma français sont cantonnés à de simples seconds ou troisièmes rôles sans profondeur de restaurateurs ou de patrons de PMU. Les stars chinoises internationales comme Jacky Chang, Andy Lau ou Zhang Ziyi incarnent quant à elles des personnages ancrés dans des périodes ou des cultures trop éloignées pour permettre une véritable identification communautaire dans la France d’aujourd’hui. Il a fallu des décennies pour que le cinéma occidental propose des rôles d’intellectuels à des personnages noirs, le fantasque Chang se propose comme éclaireur pour décoincer l’image terne des Chinois dans le cinéma et la société française.
Au delà d’une simple question d’image, de nombreuses idées fausses s’accumulent sur la communauté asiatique. Sans que cela ne constitue un thème majeur du film, Le casse-pieds chinois s’appuie néanmoins sur une représentation plus juste de la réalité des Chinois et de la Chine d’aujourd’hui. Les triades y restent à la place qui est la leur, celle de quelques malfrats de droit commun, et les entreprises chinoises y rencontrent elles aussi des difficultés économiques.

C’est au cœur de cette communauté chinoise que le film se développe, combinant comédie et action alors que le buddy movie s’emballe. Appuyé sur une trame simple, claire et solide, le film se donne également le temps de flâner aux frontières de l’intrigue et d’y exploiter le potentiel comique, porté par un personnage de Chang qui prend systématiquement le spectateur à contrepied. Ces espaces de liberté seront autant d’occasions pour les acteurs de défendre leurs personnages, jusqu’à l’absurde, à travers des dialogues dont l’humour flirte avec le non-sens.

Car Le casse-pieds chinois est avant tout une comédie. Une franche comédie d’action assumée. Une comédie développée autour de la rencontre de deux personnages que tout oppose et qui apprennent à se connaître et à s’apprécier. Une comédie portée et nourrie par le resserrement des enjeux des protagonistes alors que le danger s’intensifie. Une comédie alimentée par un suspense maintenu à la limite du film d’action et de sa parodie. Une comédie qui, comme dans tout bon buddy movie, finit bien.

[1] Voir en particulier le sujet de France Culture sur le sujet

 

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Martin Fournier

VIADUC

Un scénario de Martin Fournier

Long-métrage – Fiction – Drame comique

retour aux projets de Martin Fournier

 

Lorsque son père lui demande de l’aider à mettre fin à ses jours, Sophie aimerait pouvoir échanger sa vie, comme on échange un chemisier qui ne s’accorde pas avec le reste de la garde-robe.

 

SYNOPSIS

Viaduc est une comédie.

Une comédie, vraiment ?  Une comédie sur la fin de vie, le « laisser partir », la souffrance ?

Oui. Justement.

Viaduc est l’histoire d’une femme entre deux âges qui se demande si la vie qu’il est en train de vivre est bien la bonne. Une femme qui envisage de rapporter cette vie, pour l’échanger contre une nouvelle, une différente.

Mais ce n’est pas si simple ! Entonne le chœur grec des doubles d’elle-même qui, tels des Jiminy Cricket, se matérialisent autour d’elle pour la critiquer, la rappeler à l’ordre… et lui rendre la vie encore plus difficile.

Une comédie développée autour de l’intrusion de l’imaginaire dans le réel, par un humour un brin grinçant, un brin absurde. Mais un brin seulement.

Derrière ce brin, Viaduc est l’histoire d’une femme désarmée face à la condition humaine, une femme à qui son propre père demande l’impossible : l’aider à en finir avec une vie de souffrance qu’il ne supporte plus.

Une comédie dramatique, alors ? Au sens littéral, oui.

Car Viaduc est avant tout le défi d’aborder le drame sans pathos.

Un pas de côté, du côté de l’humour, pour accéder à la vérité de l’émotion. 


 

 

NB : Ce vidéo pitch a été réalisé pour une version préliminaire du scénario, dans laquelle le protagoniste était un homme.


 

NOTE D’INTENTION

 

L’idée centrale de ce scénario est de parler de la question de la fin de vie du point de vue de la « moitié de vie ».

Parler de cette « moitié de vie », coincée entre des parents qui deviennent dépendants et des enfants qui sont encore loin d’être indépendants. Des enfants qui nous jettent à la figure tous ces possibles devenus inaccessibles et des parents qui ne cessent de nous rappeler le la brièveté du temps qu’il reste pour réaliser le peu qui est encore envisageable.

Parler de la difficulté du « laisser partir ». Laisser partir des parents qui vieillissent et nous quittent. Laisser partir des enfants qui grandissent et nous quittent. Laisser partir une compagne ou un compagnon de route qu’on a quitté depuis longtemps alors même que l’on continue à partager son lit. Laisser partir aussi ces rêves d’enfant qui s’accrochent malgré les assauts répétés de la vie qui nous jettent à la figure la certitude de leur irréalisme.

Grandir, vieillir, faire le deuil. Tous les deuils. Laisser partir pour commencer soi-même à se préparer à partir.

Viaduc est l’histoire d’une femme entre deux âges de qui on attend l’impossible.

Son père, malade, souffrant depuis des années, a pris la décision d’en finir avec cette vie de torture et lui demande de le conduire jusqu’au viaduc duquel il a décidé de se jeter.

Viaduc est l’histoire d’une femme confrontée frontalement à la condition humaine sans avoir la possibilité de détourner le regard. Une femme confrontée à l’obligation de laisser partir, sans y avoir été préparé.

Viaduc est l’histoire d’une femme comme toutes les autres, qui se demande pourquoi la vie s’acharne contre elle et qui se trouve face à des choix impossibles mais incontournables.

Viaduc est également un défi. Celui de s’attaquer à des questionnements d’une lourdeur extrême sans pathos, par l’angle de la légèreté. Une légèreté et une forme de distanciation prises comme raccourcis vers la complexité et l’universalité pour court-circuiter le dédale des images toutes faites. Pour atteindre la vérité de l’émotion, le parti pris est de faire un pas de côté, du côté de l’humour, un décalage indispensable pour éviter l’écueil d’une émotion réduite à son idéalisation.

Si la vie s’acharne sur Sophie, les épreuves qu’elle affronte sont inhérentes à la condition humaine et nous attendent tous, sous une forme ou une autre. Alors qu’elle a la sensation de vivre une vie qui n’est pas la sienne, son histoire pourrait être la nôtre. Et lorsqu’elle devient effectivement la nôtre, elle nous submerge comme elle submerge Sophie, sous un flot de dilemmes qui font voler en éclat la moindre certitude.

Le dispositif formel mis en œuvre dans Viaduc consiste à jouer avec cette sensation de submersion. Jouer au sens littéral, pour offrir un contrepoint de légèreté onirique au poids et à la lourdeur de la structure narrative « brute ». Un contrepoint qui repose sur l’exploitation filée de deux thèmes : la sensation d’être étranger à sa propre vie et la multiplicité du moi. Le jeu joué par Sophie et son père sur leur relation et la matérialisation des « doubles » visent ainsi à créer un décalage onirique qui, à la manière du Bertrand Blier de Trop belle pour toi ou Le bruit des glaçons, vient tout à la fois à approfondir et alléger le cœur du propos.

Sans être autobiographique, Viaduc est également en partie mon histoire.

Je me suis retrouvé dans cette chambre, face à mon père qui souffrait depuis des années. Un père qui n’en pouvait plus et qui m’a fait cette demande horrible, irréelle, inconcevable, de lui promettre de le conduire jusqu’à son viaduc.

Ce jour-là, le sol s’est ouvert sous mes pieds. C’est moi qui tombais de son viaduc. Mais au même moment, une autre partie de moi me regardait tomber, froidement, d’un regard étonnamment extérieur.

Cinq minutes plus tard, je plaisantais avec mon père, dans cette même chambre, autour de ce même lit et je me demandais si je n’avais pas tout rêvé.

Je n’ai pas eu à conduire mon père jusqu’à son viaduc. La maladie s’en est chargée. Je ne sais toujours pas si je l’aurais fait. 

 


Illustration du procédé de matérialisation des doubles

 

 

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Martin Fournier

Lequel de mes plusieurs ?

Un projet de Martin Fournier

Série – 40×3′ – Fiction – Comédie

retour aux projets de Martin Fournier

« La vie serait tellement simple si tout n’était pas si compliqué » – Anonyme (XXIème siècle)

CONCEPT

A tout instant, chacun d’entre nous est plusieurs. La décision la plus anodine est sujette à de violents débats internes entre les différentes facettes de nos personnalités.

Lequel de mes plusieurs aura gain de cause ?

Si le phénomène a été abordée à de nombreuses reprises dans les oeuvres de fiction, de l’ange et du démon du Milou de Tintin au Vice
Versa
de Disney Pixar, c’est qu’elle est structurellement ancrée au coeur de la condition humaine et de ce fait inépuisable et déclinable à l’infini. 

L’objectif de ce projet est d’en proposer une exploitation originale sous forme d’une série de très courts épisodes de comédie décalée au cours desquels les différentes personnalités se matérialisent comme des doubles qui apparaissent autour du personnage pour débattre avec lui. Du plus banal au plus métaphysique. Du plus lourd de conséquences au plus anodin… Rivalisant de mauvaise foi, sans logique ni cohérence, ils ne font au final que compliquer les choses. Mais il faudra pourtant bien trancher.


LE DISPOSITIF

40 épisodes de 3’.

La série est construite autour de 8 personnages récurrents : 4 hommes et 4 femmes à trois âges de la vie (adolescence, trentaine, cinquantaine, séniors).

Chaque épisode porte sur une question qui se pose à l’un d’entre eux, de la plus cornélienne à la plus futile. 

La flexibilité du dispositifs et du format permet également d’intégrer d’autres personnages (potentiellement des guest stars) ponctuellement ou de manière récurrente sans être systématique.

 

Dans toutes les situations de la vie, chacun d’entre nous est confronté à cette multitude de « plusieurs », qui parlementent, cherchent des compromis, se lancent parfois dans de violents conflits… Une source inépuisable d’inspiration. 

Lequel de mes plusieurs aborde ce tiraillement entre chacun de nous et ses plusieurs par une série d’épisodes de comédie très courts. 

Les sujets abordés seront tour à tour légers ou graves, mais le traitement en sera toujours celui du sketch comique à chute. 

Pas de pathologie, en tout cas pas plus qu’il n’en existe en chacun d’entre nous.


DE L’EXPERIMENTATION AU PILOTE

Ce qui a commencé comme une blague avec “Alors, on est pas bien, là ?” a progressivement pris plus de consistence jusqu’à aboutir à la conceptualisation actuelle du projet. 

Ces premiers pas autoproduits illustrent tout à la fois l’utilisation de la technique d’insertion par matte painting et les possibilités de traitement narratif (les 8 épisodes pilotes sont disponibles sur la playlist Youtube du projet).

Bien que réalisé avec un budget modique (2 pizzas), le dernier épisode en date (Voilasine) illustre pleinement le potentiel de la série. Il a été sélectionné et primé dans de nombreux festivals français et internationaux.